Ça vaut quoi l’expo sur James Cameron à la Cinémathèque française ?

16 avril 2024 à 10h12 par Estelle Lafont

Des objets de tournage sont visibles sur l'exposition, comme ce buste de Na'vi

Crédit : Estelle Lafont

L’exposition « l’art de James Cameron » se tient à la Cinémathèque française jusqu'au 5 janvier à Paris. Voltage a été y faire un tour et a rencontré son co-commissaire, Matthieu Orléan.

« La curiosité est votre bien le plus précieux. La nuit, j’ai mon service de streaming privé, c’est-à-dire mes rêves, où je trouve souvent l’inspiration pour mes images, mon écriture et mon cinéma ».Vous pouvez entendre ce genre de déclaration (en anglais, puisque que James Cameron est de nationalité canadienne) de la part du réalisateur à plusieurs endroits puisque cette exposition vous plonge dans son esprit, son trait de crayon, sa créativité, son intimité. Depuis le 4 avril et jusqu’au 5 janvier 2025, la Cinémathèque française à Paris (à deux pas de Bercy) a prêté ses murs à l’exposition « L’art de James Cameron », exhibant des pièces « uniques, jamais montrées » comme nous explique en souriant Matthieu Orléan, co-commissaire de cette exposition.


La recette pour concevoir une exposition telle que celle-ci ? La collaboration avec son sujet. « Notre principal interlocuteur c’était James Cameron (…) il faut savoir que 70% de ce qui est présenté ici lui appartient, (…) il a un petit endroit qui est privé, qui n’est pas un musée qu’on peut visiter où il conserve certaines choses » nous explique-t-il.


Les organisateurs ont également été en contact avec des collaborateurs du réalisateur, des personnes proches de lui, travaillant au sein de sa fondation philanthropique et « même s'il n’était pas présent physiquement lors de l’accrochage à Paris, son esprit était là, ses idées aussi et le narratif qu’il vient défendre ici étaient présents » poursuit-il.

Aliens, Avatar, Titanic... des accessoires de tournage à voir en vrai

Crédit : Estelle Lafont (CANVA)

Une visite chronologique : des croquis d’enfants aux innovations technologiques


James Cameron vous accueille à travers un petit clip vidéo à l’entrée de l’exposition pour vous faire passer un petit message, pour tenter de vous faire comprendre qui il est, par quoi il est passé avant de devenir ce réalisateur de légende qu’il est aujourd’hui à 69 ans. Ce qui la rend unique « c’est qu’on peut l’entendre à différents moments de l’exposition en scannant des QR code où vous avez accès à des capsules audio enregistrées par lui (en anglais donc) où il parle de ses dessins, et à mon sens il n’y a que lui que peut vous donner cette essence du « pourquoi ce dessin » ou comment est né ce story-board » raconte le co-commissaire.


L’exposition peut se visiter seul grâce « aux textes de James Cameron et aux explications fournies » mais le petit plus des visites guidées (les samedis et dimanches à 16h30) permettent « d’établir des connexions un peu plus secrètes entre les salles, car en tant que visiteur, et même fan, on a pas toujours révisé son sujet avant d’arriver et nos conférenciers sont extrêmement aguerris, formés et ont revu la cinématographie, ce qui permet encore une autre approche pour ceux qui sont intéressés » ajoute-t-il.


Une exposition en relief


Si vous pensiez ne trouver que des dessins vous vous trompez, et c’est là aussi une bonne occasion d’y emmener des enfants qui ne se lasseront pas au bout de 5 minutes car il y a du « palpable » à travers les différentes salles qui communiquent. « On dispose de dispositifs interactifs avec des petits écrans, et on a même à disposition des bustes, des costumes, des maquettes », il y a même une frise tactile permettant d’ouvrir des capsules vidéo de making-of à la manière d’Iron man qui ouvre des menus devant ses yeux.


Petit coup de cœur sur la salle consacrée à Titanic, « c’est une salle un peu écrin, un peu bijou car les studios ne peuvent pas toujours tout garder et avant destruction demandent aux réalisateurs, si ils en ont la possibilité, de récupérer certaines choses et c’est ce que Cameron a fait en agrandissant sa collection (…) donc on va y retrouver des portes, rambardes, lustres et même des dessins puisque le personnage de Leonardo DiCaprio dans le film est dessinateur et c’est un dessin de Cameron que l’on voit à l’écran, c’est d’ailleurs le seul cas dans tout le cinéma de James Cameron où l’on retrouve son crayonné à l’écran » nous dévoile-t-il. Le mythique dessin de Rose, nue sur un canapé, est présent dans la salle ainsi que d’autres croquis similaires préparatoires. Anecdote que vous ne connaissez peut-être pas, lorsque dans le film vous voyez le dessin prendre forme, c’est la main de James Cameron qui performe et non celle de DiCaprio.


Pour les fans de productions plus récentes il y a évidemment toute une salle consacrée à Avatar avec de véritable bustes hyper réalistes et les nombreux dessins préparatoires, notamment de Neytiri, premier personnage à avoir vu le jour dans l’imaginaire de Cameron. Cette salle est l’avant-dernière, préambule au clou du spectacle : l’entrée dans un dessin numérique. « On a utilisé un dessin que Cameron a fait quand il avait 19 ans qui sort d’un rêve d’une espèce de forêt bioluminescente avec des apparitions de faune et de flore immaginaires qu’on peut rapprocher de Pandora, lui-même dit que c’est peut-être une première vision de Pandora mais ce n’est pas Pandora » plaisante-t-il (le nom étant déposé ils ne pouvaient pas la nommer ainsi) avant de nous en donner les acteurs de sa conception, «  ingénieurs, graphistes, sous la direction et les validations de James Cameron » afin d’immerger les spectateurs dans l’esprit du réalisateur multi-oscarisé.


On en a déjà trop dit mais on a beaucoup aimé, le point fort de cette visite c'est qu'elle est complète, accessible à tous, néophytes, curieux, fans, et même les plus jeunes. « L’art de James Cameron » vous accueille tous les jours de 11h à 20h sauf le mardi, vous pouvez réserver vos billets ici.