Fête sauvage du Nouvel An : mise en examen d'un organisateur

5 janvier 2021 à 9h45 par Iris Mazzacurati avec AFP

VOLTAGE
Un jeune homme né en 1999, a été mis en examen notamment pour organisation illicite de manifestation
Crédit : Pixabay - photo d'illustration

Trois jours après la fête sauvage du Nouvel An qui a réuni 2 400 teufeurs au sud de Rennes, un premier organisateur a été mis en examen et écroué lundi 4 janvier dans le cadre d'une enquête visant à ce que tous les responsables de ce rassemblement illégal "répondent de leurs actes" devant la justice.

D'un ton autoritaire, le procureur de Rennes a d'abord fustigé l'organisation de cette fête géante, en pleine crise sanitaire, qui a pu "choquer nos concitoyens". "Il s’agit assurément d'un comportement irresponsable, profondément asocial et qui est pénalement punissable et sera sanctionné", alors que "la plupart de nos concitoyens faisaient l'effort d'un réveillon en petit comité", a-t-il assuré lors d'une conférence de presse au tribunal judiciaire de Rennes.

Le procureur a ensuite annoncé la première mise en examen d'un organisateur, un jeune homme né en 1999, SDF, vivant dans un camion et arrêté samedi à Iffendic, à l'ouest de Rennes. Il a été mis en examen notamment pour organisation illicite de cette manifestation et mise en danger de la vie d’autrui. Conformément aux réquisitions du parquet qui a argué d'"un risque de concertation avec les autres organisateurs et des garanties de représentation pas à la hauteur des enjeux", le jeune homme a été placé en détention provisoire.

"Mon client ne reconnaît pas faire partie de l'organisation" de cette fête, a déclaré lundi soir Me Rémi Cassette, avocat du jeune homme. "Il reconnaît avoir participé et donné un coup de main ponctuellement mais pas avoir été dans l'organisation". "Je suis très choqué de son placement en détention provisoire", a insisté l'avocat, d'autant, a-t-il souligné, que son client "n'a pas d'antécédent judiciaire". Le placement en détention "dans le cadre d'organisation de soirées de ce type, à mon sens, c'est une première", a-t-il dit.

Lors de la perquisition samedi, "du matériel de sonorisation dans des volumes significatifs ont pu être saisis" à Iffendic, a rappelé M. Astruc. En outre, l'enquête a révélé que le mis en examen avait envoyé plus de 1 000 SMS le jeudi sur le lieu de la fête.

Interrogé sur le nombre possible d'organisateurs à retrouver, le procureur estime qu'il devrait y en avoir "au moins trois ou quatre, peut-être un petit plus".

Le procureur a également dévoilé les détails de l'organisation de cette fête techno, qui a alimenté des critiques sur une possible "passivité" des forces de l'ordre et des pouvoirs publics.

Des stands de vente de stupéfiants

"Nous ne sommes pas restés les bras croisés", a tonné le procureur qui a repris les faits. Vendredi vers 18h30, "ce sont pas moins de 300 véhicules qui ont été repérés à Saint-Nicolas de Redon", en Loire-Atlantique. Moins de deux heures après, ces véhicules se sont dirigés plus au nord, vers Lieuron.

"A ce moment-là, 80 gendarmes locaux, (…) appuyés d’une compagnie de gendarmerie, ont tenté de s’interposer pour bloquer l’accès au site final du rassemblement". Vers 21h, "les gendarmes ont essuyé d'importantes violences", avec trois gendarmes blessés et une voiture incendiée, a rappelé le procureur.

L'enquête a permis de déterminer qu'il y avait un droit d'entrée de cinq euros pour les participants, certains venus de l'étranger, d'Italie, d'Espagne ou même de Pologne. Plusieurs stands (vente d'alcool, nourriture) étaient installés à l'extérieur des hangars où résonnait la musique techno, certains étant même de "véritables stands de vente de stupéfiants, notamment de cannabis, de cocaïne, d’héroïne et de LSD", tandis qu'un lieu était "spécialement aménagé pour leur consommation avec coussins et tapis".

"Tous ces éléments attestent d’une organisation logistique et d’une coordination importante", rappelle le procureur. En tout, 800 véhicules était présents aux abords de ce rassemblement.

Dans le contexte de la pandémie et du respect des gestes barrière, l'enquête a permis de relever que "moins de 5% des participants avaient un masque de protection". Pour répondre aux critiques, le procureur a également rappelé que, "au moment de la dispersion du rassemblement 1 645 personnes, soit les deux tiers des participants, ont été verbalisés."