Jugé pour avoir poussé une femme sous le RER E

5 septembre 2017 à 8h43 par Mikaà«l Livret

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Crédit : DR

En Seine-St-Denis, un homme est jugé ce mardi pour tentative d'homicide. Il est soupçonné d'avoir tenté de pousser une femme sur les rails du RER E à Rosny-sous-Bois en 2015. Elle avait été rattrapée de justesse par une amie. Le suspect souffrirait de troubles psychiatriques.⬨⬨

Plus de deux ans après les faits, le geste de Mahmoude Zaier reste encore une énigme. Pourquoi cet homme de 39 ans a-t-il poussé sur les rails une jeune femme qu’il ne connaissait pas ? Est-ce pour se venger d’un mauvais regard, comme il l’affirme. C’est ce que la cour d’assises de Seine-Saint-Denis devra déterminer au cours des deux jours d’audience pour « tentative d’homicide ».

« Je dois le faire »

Ce 2 février 2015, vers 8h20, Anne Tartaglione discute avec une amie sur le quai du RER E à la station Rosny-sous-Bois (93), lorsque l’homme, qu’elles ne connaissent pas, s’approche d’elles. Immédiatement, le suspect, identifié au cours de l’enquête comme étant Mahmoude Zaier, les invective. « Je n’ai pas le choix », « je dois le faire, même si je dois aller en prison », balbutie-t-il. Les deux femmes s’éloignent. En vain, l’homme les suit.

Après les avoir accusées de « rigoler » dans son dos, il pousse violemment Anne Tartaglione sur les rails. La jeune femme ne doit son salut qu’aux réflexes de son amie qui parvient à la rattraper avant qu’elle ne tombe et au conducteur du RER qui stoppe à temps son train. Témoin de la scène, l’homme a raconté qu’il entrait en gare, à environ 65 km/heure, lorsqu’il a aperçu une personne « tomber à la renverse vers les rails ». Il avait alors freiné et klaxonné.

Mahmoude Zaier, 39 ans, a été interpellé trois jours plus tard à Rosny-sous-Bois (93). En garde à vue, il a expliqué avoir seulement voulu pousser la femme, et non pas la tuer, parce qu’elle se moquait de lui. La piste djihadiste avait été brièvement évoquée. L’homme, condamné à quatre reprises dont une fois à sept ans de prison pour tentative d’assassinat en 1999, se serait radicalisé derrière les barreaux.

C’est derrière les barreaux que, d’après ses déclarations aux enquêteurs, il a découvert « la religion et le cannabis ». Il se décrit comme musulman pratiquant, pratique l’abstinence sexuelle par conviction religieuse et refuse de condamner la violence contre les « mécréants ». À sa sortie de prison, il avait menacé de faire un « carnage », selon une source proche de l’enquête.

Interné cinq fois 

L’enquête de personnalité a néanmoins révélé que le suspect avait été hospitalisé à cinq reprises en service psychiatrique. Les expertises réalisées au cours de l’instruction ont établi que son discernement était altéré au moment des faits, mais qu’il était cependant accessible à une sanction pénale. Des proches ont raconté que Mahmoude Zaier, qui a arrêté l’école à 16 ans et n’a jamais travaillé, leur avait confié « entendre des voix » et « avoir la haine contre les femmes ». Le verdict est attendu mercredi.