Ligne 17 : une extension du Marché de Rungis dans le Triangle de Gonesse ?

5 mai 2021 à 13h00 par Maud Tambellini

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Le Triangle de Gonesse est une zone inhabitable car survolée par les avions du Bourget
Crédit : CC0

Et si la ligne 17 du Grand Paris avait enfin une raison d'être ? Selon l'AFP, le gouvernement va annoncer vendredi 7 mai, une extension du Marché de Rungis dans le Triangle de Gonesse pour relancer l'emploi et pallier l'abandon du méga complexe Europacity.

Depuis quelques semaines, une interrogation se faisait de plus en plus entendre. Après l’abandon du projet de méga complexe commercial Europacity et de la construction du Terminal 4 de Roissy, la ligne 17 du Grand Paris censée desservir le Triangle de Gonesse avait-elle encore du sens ?

Mais on apprend, selon l’AFP, que le gouvernement envisage désormais d’y installer une extension du Marché de Rungis. "Le Premier ministre se déplace vendredi dans le Val-d'Oise en vue d'une annonce. C'est un projet porteur d'espoirs pour l'emploi", souligne une élue.

La question est sensible pour le territoire où la défense des zones agricoles continue de mobiliser des centaines de défenseurs de l'environnement. Une ZAD ("zone à défendre") avait été installée dix-sept jours en février dernier, avant l'expulsion de ses militants.

Mais le projet d'annexe de Rungis serait "tourné vers les producteurs locaux, les circuits courts de l'Oise et du Vexin", et "il y a un intérêt écologique, en évitant des contournements routiers", depuis Rungis (Val-de-Marne), en banlieue sud, veut rassurer un parlementaire.

Un "briefing" entre des élus et Matignon doit avoir lieu mercredi soir pour préparer les annonces gouvernementales, dans le cadre plus large d'un plan pour le Val-d'Oise.

Une extension envisagée de longue date

Dans son rapport remis au Premier ministre en décembre 2020 et dont l'AFP a eu connaissance, le préfet du Val-d'Oise Amaury de Saint-Quentin avait évoqué l'option d'installer une extension du marché de Rungis, proche de la saturation, dans le Triangle de Gonesse, un endroit stratégique dans le nord de l'Île-de-France, bordé par l'autoroute A1 et à proximité de l'aéroport de Roissy Charles-de-Gaulle.

Le projet, porté par la société gestionnaire de Rungis Semmaris, représenterait "un investissement de 600 millions d'euros" avec un potentiel de "2 000 à 5 000 emplois", selon ce rapport. Il doit s'étendre sur "un terrain de 50 à 100 hectares", ajoute ce document.

Depuis l'abandon par Emmanuel Macron, en novembre 2019, du méga complexe commercial et de loisirs Europacity, les élus locaux exigent des compensations pour renforcer "l'attractivité" de ce département francilien qui compte environ 123 000 personnes pauvres.

L'annonce de l'installation d'une extension de Rungis dans le Triangle de Gonesse signerait le feu vert à l'urbanisation d'une partie de ces terres agricoles étendues sur 700 hectares dont 280, au sud, nourrissent depuis longtemps l'appétit des pouvoirs publics.

Cette enclave triangulaire est en outre inhabitable, car survolée par les avions du Bourget et surtout de Roissy, premier aéroport européen.

Les opposants à l'artificialisation de ces terres, rassemblés sous la bannière du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG), fustigent au contraire des projets à rebours de l'urgence climatique, soutenant un projet agricole et horticole alternatif, basé sur les circuits courts. Ils dénoncent la réalisation de la gare du Triangle de Gonesse, étape de la ligne 17 du Grand Paris Express qui doit relier Saint-Denis à Roissy en 2030, y voyant un cheval de Troie d'une urbanisation plus large.

(Avec AFP)