Des concentrations records de dioxines enregistrées près de l'incinérateur d'Ivry-sur-Seine

8 février 2022 à 8h43 par Michaël Livret

Des concentrations records de dioxines enregistrées près de l'incinérateur d'Ivry-sur-Seine
Des concentrations records de dioxines enregistrées près de l'incinérateur d'Ivry-sur-Seine
Crédit : Syctom

Des analyses menées près de l'incinérateur d'Ivry/Paris XIII (Val-de-Marne), le plus grand d'Europe, révèlent des concentrations de dioxines - un polluant organique persistant - très importantes, révèle ce lundi une étude commandée par le collectif 3R et menée par des chercheurs de la fondation ToxicoWatch.

L’incinérateur d’Ivry dans le collimateur des écolos. Des taux de dioxyne 3 à 4 fois supérieur aux normes de santé publique seraient rejeté autours du site selon une étude. Ce polluant organique est accusé de provoquer des problèmes reproducteurs ou des cancers en cas d’exposition prolongée.

Selon un communiqué du collectif écologique 3R (Réduire, réutiliser, recycler), ces études ont été "menées sur des œufs de poules élevées en plein air, des arbres (résineux, oliviers) et des mousses dans les communes d'Ivry-sur-Seine, Alfortville, Charenton-le-Pont et Paris".

Ces communes sont proches de l'incinérateur d'Ivry, situé près du périphérique entre le Val-de-Marne et Paris. Plus grand incinérateur d'Europe, il brûle les déchets de quinze communes dont Paris, soit l'équivalent de 730.000 tonnes d'ordures par an.

On y retrouve "des concentrations de dioxines parmi les plus élevées des études de bio surveillance menées par ToxicoWatch en Europe", précise le collectif 3R.

Origine incertaine

Les œufs de poules qui y ont été élevées en plein air "devraient être retirés du marché européen s'ils avaient été produits pour y être mis", indique Abel Arkenbout, auteur de l'étude menée par l'ONG néerlandais ToxicoWatch, en rappelant que "la consommation régulière d'œufs pollués aux dioxines présente un risque fort pour la santé". 

Dans son communiqué, le collectif 3R reconnaît qu'il est "scientifiquement difficile d'établir avec certitude l'origine de la présence (des dioxines) dans les communes autour de l'incinérateur d'Ivry-Paris XIII.

Mais "la présence dans les dioxines analysées de profils de congénères typiques de l'incinération des déchets plaide, selon ToxicoWatch, pour une surveillance renforcée des émissions avec des mesures en continu", ajoute-t-il.

Ces résultats "aggravent la situation actuelle de non-conformité persistante de l'agglomération parisienne avec la réglementation européenne sur la qualité de l'air très préjudiciable à la santé humaine ainsi qu'à l'environnement", commente Me Louis Cofflard, avocat à l'origine de plusieurs recours nationaux sur la pollution de l'air.

Une réunion d'urgence

"Le lien entre l'incinérateur et les analyses de dioxines faites n'est pas établi en particulier", a réagi dans un communiqué transmis à l'AFP le Syndicat intercommunal de traitement des ordures ménagères (Syctom), qui gère l'incinérateur.

Le Syctom a par ailleurs souligné "quelques biais" dans le rapport, notamment l'absence "de points témoins dans la région parisienne en dehors de la zone d'influence de l'usine, qui permettraient de comparer les valeurs obtenues et donc de qualifier l'origine de la pollution". 

Dans un communiqué, le maire (PCF) d'Ivry Philippe Bouyssou a indiqué son souhait "qu'un Conseil syndical extraordinaire soit organisé au plus vite" par la présidence du Syctom pour "permettre à l'ensemble des élu.e.s d'acter les mesures opérationnelles qui seraient à prendre".