Le médecin ne la prend pas au sérieux : deux sœurs attaquent le Samu après la mort de leur mère

1er juin 2022 à 10h54 par Michaël Livret

Le médecin ne la prend pas au sérieux : deux sœurs attaquent le Samu après la mort de leur mère
Le médecin ne la prend pas au sérieux : deux sœurs attaquent le Samu après la mort de leur mère
Crédit : Illustration - Ministère de la Santé

Elles portent plainte contre le Samu de la Seine-et-Marne après la mort de leur mère, en 2020, rapporte Mediapart. Alors qu'elle appelait le 15, le médecin au bout du fil n'aurait pas pris au sérieux ses douleurs au cœur. Le SAMU reconnait seulement "une exaspération injustifiée" du médecin.

"On veut que tout le monde sache comment notre mère a été maltraitée et méprisée alors qu’elle demandait juste de l’aide". Deux sœurs ont déposé plainte en octobre 2021 pour "omission de porter secours" et "homicide involontaire". Mais selon leur avocat, contacté par nos confrères de Médiapart, aucune information judiciaire n'a été ouverte.

Le 21 août 2020, Yolande Gabriel compose le 15. Elle a déjà été hospitalisée pour des problèmes de cœur et ce matin d’été, les douleurs sont intenables.

« Vous ne parlez pas assez fort madame »

L'appel, que Mediapart a pu consulter, a duré dix minutes. Au bout du fil, le médecin régulateur ne semble pas prendre au sérieux son appel à l'aide. Elle s'est vue notamment reprocher de ne pas parler assez fort par le médecin

"Madame, faut vous calmer, vous ne prenez pas 36.000 médicaments. Et vous ne savez pas quels médicaments vous prenez ? (...) Eh bien, vous ne savez pas ce que vous prenez comme médicaments ? Vous n’avez pas votre ordonnance avec vous ?", lui lance le médecin, exaspéré, alors que Yolande Gabriel, essoufflée, peine à répondre à ses questions.

Il consent finalement à envoyer une ambulance privée qui n’arrivera qu’une heure plus tard. Trop tard pour sauver la sexagénaire déjà décédée.

Le Samu reconnaît que l'exaspération du médecin était "injustifiée"

À présent, les filles de la victime dénoncent plusieurs irrégularités dans la prise en charge de leur mère.

Le Samu reconnaît que l'exaspération du médecin au bout du fil était "injustifiée" mais rejette une faute de la part du régulateur.

De leur côté, les filles de Yolande Gabriel suspectent des préjugés racistes de la part du médecin. "Certains médecins pensent que dès qu’on est d’origine africaine, caribéenne ou maghrébine, on a tendance à exagérer la douleur", déclare l'une d'entre elles auprès de nos confrères.