Convention citoyenne : Emmanuel Macron valide un référendum sur le climat

15 décembre 2020 à 9h30 par Iris Mazzacurati

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Emmanuel Macron en a fait l'annonce en conclusion de 3h30 d'échanges nourris avec 132 membres de la
Crédit : PxHere

Exhorté à prendre des "décisions fortes" contre le réchauffement climatique par la Convention citoyenne pour le climat (CCC), Emmanuel Macron a accepté, lundi 14 décembre, la tenue d'un référendum sur l'introduction de la défense de l'environnement dans la Constitution.

L'organisation de ce référendum d'ici la fin du quinquennat en 2022 reste cependant incertaine puisqu'elle ne pourra intervenir qu'après un vote de l'Assemblée nationale et du Sénat, ce dernier étant contrôlé par la droite.

Emmanuel Macron en a fait l'annonce en conclusion de 3h30 d'échanges nourris avec 132 membres de la CCC, qui l'ont soumis à une salve de questions concrètes et parfois techniques, ainsi qu'à des interpellations critiques sur son bilan écologique.

"Vous avez l'occasion de rentrer dans l'Histoire en prenant des décisions fortes. Alors, osez, monsieur le président!", lui a lancé Christine, venue d'un "petit village des Alpes".

"Ce que nous vous demandons, c'est d'être cohérent", a exhorté Agnès en l'interrogeant sur la 5G. Plus polémique, Paul a déploré sa politique écologique "peu ambitieuse" et s'est interrogé : "Etes-vous climatocynique ou climatosceptique?".

C’est pas encore fait

S'il se concrétisait, le référendum serait le premier à se tenir en France depuis 2005, qui avait porté sur la Constitution européenne et vu la victoire du "non".

Emmanuel Macron a précisé que cette consultation se fera sous la forme d’"une réforme constitutionnelle en un article" pour "introduire les notions de biodiversité, d'environnement, de lutte contre le réchauffement climatique" dans l'article 1.

Elle "doit d'abord passer par l'Assemblée nationale puis le Sénat et être votée en des termes identiques. Ce jour-là, elle sera soumise à référendum", a-t-il expliqué.

De ce fait, la consultation des Français est jugée "fort peu certaine" par Benjamin Morel, maître de conférences en Droit public à l'université Paris II Panthéon-Assas, en soulignant le "peu de temps restant dans le calendrier parlementaire".

"Et encore faudrait-il que le groupe LR au Sénat trouve opportun d'accorder un plébiscite sur un sujet a priori consensuel à son principal adversaire politique à un an d'une présidentielle", a-t-il ajouté dans un tweet.



Très sévère dans ses premières réactions, l'opposition a critiqué un "coup de com" politique dont l'issue est jugée incertaine. Adoptée en 2004, la Charte de l'environnement est, depuis le 1er mars 2005, citée dans le premier alinéa du Préambule de la Constitution.

Grégoire Fraty, co-président de l'association les 150, qui regroupe l'essentiel des participants à la CCC, a cependant salué un référendum qui "va faire du bien". "On en avait besoin. Si les Français disent massivement oui, peut-être que ça aura un effet d'entraînement pour les politiques", a-t-il ajouté.

"Des décisions acceptables par les Français"

Avant d'évoquer le référendum, Emmanuel Macron n'a pas fait d'annonces importantes, mais a défendu pied à pied sa politique en assurant qu'"aucun gouvernement n'a fait autant pour l'écologie".

Il a affirmé qu'une "cinquantaine" des 149 propositions faites au printemps par la CCC avaient déjà "été mises en œuvre ou sont en cours de l'être", en particulier dans la loi climat attendue en janvier. Certaines mesures emblématiques sont encore dans la balance, comme la rénovation énergétique des bâtiments ou une limitation de la publicité.

Il a validé la création de "chèques alimentaires pour les plus défavorisés, à utiliser pour l'achat d'alimentation bio ou dans les Amap (coopératives de produits agricoles de proximité), mesure qui n'avait pas été tranchée.

Face à l'insistance des "citoyens", Emmanuel Macron a insisté sur le fait que "les choix pris pour l'écologie" devaient "être acceptables pour les Français", rappelant que la Convention citoyenne était "justement née parce que la taxe carbone n'avait pas été acceptée par nos concitoyens", débouchant sur la crise des "gilets jaunes".

(Avec AFP)