Il renonce aux Jeux paralympiques pour traverser les 122 km du lac Titicaca à la nage
9 octobre 2020 à 11h30 par Iris Mazzacurati
« Un défi de dingues ». A tout juste 20 ans, le nageur Théo Curin a tiré un trait sur les Jeux paralympiques de Tokyo pour se lancer dans un défi inédit : traverser à la nage les 122 km du lac Titicaca.
Démotivé par le report sans fin des JO de Tokyo et les classifications handisports qui le pénalisent Théo Curin a pris sa décision : "J'ai envie de kiffer. Ca fait sept ans que je m'entraîne tous les jours, deux fois par jour. Je n'ai jamais gagné, je n'ai pas le sentiment d'avoir accompli quelque chose. Je ne pourrais pas faire de médaille aux Jeux à cause des inégalités au sein de ma classification", explique le sportif, amputé des quatre membres à l’âge de 6 ans pour lutter contre une méningite foudroyante.
Egérie d'une marque de soins cosmétiques et l'une des vedettes de la mini-série TV Vestiaires sur France 2, Théo Curin a pris la décision de zapper le rendez-vous de Tokyo - mais pas celui de Paris en 2024 - il y a quelques mois.
Il espérait des changements dans le système de classification qui définit les catégories dans lesquelles les athlètes handisport évoluent : "Ils (le comité paralympique, NDLR) ont annoncé qu'ils changeraient peut-être les classifications, mais après les Jeux de Tokyo", avance-t-il.
Le nageur de Lunéville, installé à Paris depuis septembre, estime qu'il n'a aucune chance de faire un podium aux Jeux paralympiques face à des athlètes ayant un handicap moindre. A Rio en 2016, il avait terminé quatrième du 200 m nage libre, remporté par la star brésilienne Daniel Dias, né sans mains ni pieds.
122 km à la nage, en autonomie totale, à 3 812 m d'altitude
Théo Curin veut accomplir son exploit en novembre 2021, avec l'ancienne nageuse Malia Metella, retirée des bassins depuis 11 ans, et l'aventurier Matthieu Witvoet.
L'objectif : traverser à la nage en totale autonomie le lac le plus haut du monde, le lac Titicaca situé à 3 812 m d'altitude et traversé par la frontière entre le Pérou et la Bolivie. Ils auront à tracter leur radeau de survie durant un périple de 8 à 10 jours, pour lequel ils sont entraînés par Stéphane Lecat, entraîneur de l'équipe de France d'eau libre.
"C'est un défi... Je ne sais pas s'ils ont vraiment conscience de ce qu'ils vont faire ! C'est très costaud, dans un milieu ouvert avec beaucoup de bornes, une eau froide et de l'altitude. C'est un défi de dingues. Ils ne vont pas là-bas pour essayer, mais il faut qu'ils réussissent", souligne Lecat, qui prévient : "C'est le mental qui va faire la différence".
(Avec AFP)