Le sous-marin français Perle, endommagé dans un incendie, va être réparé
22 octobre 2020 à 13h30 par Iris Mazzacurati
Le sous-marin nucléaire d'attaque Perle, ravagé par un incendie en juin, va être réparé, a annoncé jeudi 22 octobre la ministre des Armées, une opération complexe destinée à rétablir le plus rapidement possible les capacités opérationnelles de la Marine.
"Nous pouvons réparer la Perle et nous allons la réparer", a affirmé Florence Parly dans une déclaration en marge du salon Euronaval online.
La réparation de la portion endommagée impose le remplacement de tout un tronçon de la coque. Elle va donc se faire "par hybridation avec l'avant du SNA Saphir", selon Naval Group, qui sera chargé des travaux.
Autrement dit, "nous allons souder l'arrière de la Perle avec l'avant du Saphir", un sous-marin de la même classe désarmé en 2019, a détaillé Mme Parly.
#Endirect �x� La ministre des Armées, @florence_parly, annonce sa décision sur l'avenir du sous-marin nucléaire d’attaque la Perle, qui a subi un incendie au mois de juin.#EURONAVALONLINE @MarineNationale https://t.co/4ihdyPccKG
— Ministère des Armées (@Armees_Gouv) October 22, 2020
Quelque 130 câbles électriques et 70 tuyaux devront être connectés. Le chantier de réparation devrait mobiliser 300 personnes et durer six mois.
La Perle a été gravement endommagée par un incendie le 12 juin alors qu'elle se trouvait en rénovation à Toulon. Le sous-marin était alors vidé de ses armes, équipements électroniques et combustible nucléaire mais le feu a endommagé la "coque épaisse" du bâtiment, un alliage de plusieurs centimètres d’épaisseur et très élastique qui permet au bâtiment de résister à la pression des profondeurs.
Pour les réparations, la Perle va être convoyée d'ici la fin de l'année sur une barge semi-submersible à Cherbourg, où sont construits et désarmés les sous-marins français.
Une réparation chronométrée
Ce chantier relève du Meccano géant et du jeu de taquin pour ne pas empiéter sur l'entrée en service très attendue de la prochaine génération de sous-marins nucléaires d'attaque (SNA), les Barracuda, dont la tête de série, le Suffren, doit être admis au service actif mi-2021.
Il faut en effet libérer l'espace pour le deuxième sous-marin de classe Barracuda, le Duguay-Trouin, actuellement en construction à Cherbourg et qui doit entrer en service en 2023.
Une fois la "greffe" effectuée, le sous-marin repartira par le même biais à Toulon où "il achèvera son entretien majeur au point où il avait été interrompu", selon la ministre. La Perle devrait à nouveau être opérationnelle "à l'horizon mai-juin 2023", selon son cabinet. Le coût des réparations devrait s'élever à 70 millions d'euros pour les Armées, auxquels devraient s'ajouter 50 millions pris en charge par l'assurance souscrite par Naval Group.
"Une bonne surprise" selon le cabinet de Florence Parly, qui craignait une opération plus onéreuse.
La capacité opérationnelle française mise à mal
Pour la Marine, l'incendie de la Perle est un coup dur qui a vu fondre son parc de sous-marins d'attaque. Ceux-ci contribuent à la dissuasion nucléaire en escortant les sous-marins nucléaires lanceurs d'engins (SNLE) mais aussi le porte-avions. Ils sont également chargés de glaner discrètement du renseignement au plus près des côtes.
Avec le Saphir et la Perle en moins, elle ne dispose en effet plus que de 4 SNA, contre six prévus dans le contrat opérationnel.
Et si le Suffren doit entrer en service l'an prochain, le Rubis, le plus ancien sous-marin de la classe des Saphir et Perle, va voir une nouvelle fois sa vie prolonger pour combler le trou de capacité opérationnel.
Entré en service en 1983, sa durée de vie avait été prolongée une première fois pour compenser le retard pris sur le programme Barracuda. Et en 2021, il subira un nouvel arrêt technique de plusieurs mois pour rester opérationnel jusqu'à fin 2022, selon le capitaine de vaisseau Lavault.
Selon la ministre, la décision de réparer la Perle "permet à la Marine nationale de conserver sa pleine capacité de sous-marins nucléaires d'attaque pour les dix ans à venir".
(Avec AFP)