Le taux de chômage bondit au troisième trimestre

10 novembre 2020 à 11h15 par AFP

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Le taux de chomage en forte hausse.
Crédit : Wikimedia commons / Lulu7417

Le taux de chômage a bondi au 3e trimestre pour s'établir à 9% de la population active en France (hors Mayotte), une situation qui risque de s'aggraver dans les mois à venir avec la deuxième vague épidémique et le nouveau confinement.

Selon les chiffres publiés mardi par l'Insee, le taux de chômage, mesuré selon les normes du Bureau international du travail (BIT), a connu une hausse de 1,9 point: la France compte 2,7 millions de chômeurs, soit 628.000 personnes de plus sur le trimestre.

"On s'attendait à un rebond parce que le premier et le deuxième trimestre avaient été très atypiques à cause du confinement", a expliqué à l'AFP Sylvain Larrieu, responsable de la conjoncture du marché du travail à l'Insee.

Malgré la diminution du nombre d'emplois, le taux de chômage avait ainsi connu une baisse "en trompe-l'oeil" sur ces deux trimestres (de 0,7 point à 7,1% au deuxième), le confinement ayant empêché beaucoup de personnes sans emploi d'en chercher un. Et ce alors qu'un chômeur au sens du BIT est défini notamment comme une personne ayant recherché activement un emploi dans le mois précédent.

Mais, explique M. Larrieu, le chômage "ne rebondit pas seulement au niveau où il aurait dû être sans l'effet du confinement, il rebondit plus haut, à 0,9 point au-dessus de son niveau" du 4e trimestre 2019, soit avant la crise sanitaire. "Là on constate que le marché du travail s'est nettement dégradé", dit-il.

Selon Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision à l'OFCE, le taux de chômage est en outre "amorti" par le recours exceptionnel à l'activité partielle et dans une moindre mesure par "les effets de découragement" de certains qui ne se considèrent "même plus comme chômeurs". "Si on n'avait rien fait, on aurait 11% de chômage", dit-il.

"Rien de bon à attendre"

Pour la suite, alors que l'Insee avait prévu début octobre que le taux de chômage atteindrait 9,7% fin 2020, soit 1,6 point de plus qu'un an plus tôt, le reconfinement risque de changer la donne.

Il aura "un effet négatif sur l'activité économique en général et donc sur l'emploi", ce qui "tirera certainement le chômage à la hausse", selon M. Larrieu. Mais il y aura "sans doute, comme dans le premier confinement, une sorte d'effet de bascule de personnes qui se trouveront en inactivité forcée. C'est trop tôt pour savoir avec quelle ampleur", dit-il.

"On repart dans une période de récession" même si "elle sera sans doute un peu moins marquée" que lors du premier confinement, donc les créations d'emploi risquent d'être "très peu" nombreuses, prédit Eric Heyer. Une donne à laquelle s'ajouteront des "faillites d'entreprises en nombre important", peut-être seulement à partir de 2021, entraînant des destructions d'emploi pas "absorbables" cette fois par le chômage partiel. 

Donc "rien de bon à attendre sur le front de l'emploi et du chômage dans les prochains trimestres", résume M. Heyer.

Par tranche d'âge et par sexe, l'évolution du taux de chômage est "assez homogène", selon M. Larrieu, l'expert de l'Insee, la hausse sur un an concernant "un peu tout le monde, sauf les seniors", même si les jeunes sont "plus fortement affectés" (+2,6 points).

Quant au "halo autour du chômage", soit les personnes sans emploi qui en souhaitent un mais qui ne satisfont pas les autres critères du BIT pour être considérées comme chômeurs, il revient à un niveau proche de celui d'avant la crise sanitaire, concernant 1,7 million de personnes, indique l'Insee.

Cette évolution du taux de chômage intervient après un autre indicateur de l'Insee montrant que l'emploi s'était bien redressé avant le reconfinement, avec un rebond au 3e trimestre (+1,8% avec 344.400 créations nettes). Une embellie toutefois insuffisante pour rattraper les destructions du premier semestre (650.000 dans le privé) et qui risque d'être de courte durée.

S'y ajoutent les restructurations et plans sociaux qui se sont multipliés ces dernières semaines, les dernières statistiques du ministère de Travail (Dares) faisant état de 62.053 ruptures de contrats envisagées depuis mars, plus du double qu'en 2019.

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