Opposés aux 1.200 suppressions d’emplois, les salariés de Nokia manifestent

8 juillet 2020 à 14h40 par Virgil Bauchaud avec AFP

VOLTAGE
Crédit : Damien MEYER / AFP

Des milliers de salariés de Nokia ont manifesté ce mercredi à Paris. Ils dénoncent le plan social de l'équipementier télécoms : 402 emplois sont menacés à Lannion, en Bretagne et plus de 800 autres à Nozay, dans l'Essonne. Les salariés ne décolèrent pas.

Ils se disent "dégoûtés". Plusieurs milliers de salariés de Nokia, dont une bonne partie de Lannion, dans les Côtes d'Armor, ont défilé ce mercredi à Paris contre la suppression de 1.233 emplois en France. Tôt ce matin, un TGV plein à craquer avait acheminé plus de 400 salariés du centre de recherche de Lannion. Ici où la moitié de l'effectif, soit 402 emplois, doit être supprimé.

Parmi ces salariés en colère, Nicolas, 38 ans et embauché en mars en CDI par Nokia à Lannion : "j'étais encore en période d'essai quand la nouvelle est tombée". Il avait quitté une entreprise de services informatiques où il travaillait depuis 12 ans pour rejoindre Nokia. Cannois d’origine, il s'était installé à Lannion au vu des perspectives dans les télécoms. "C'est une trahison, je suis dégoûté. Il n'y a aucune justification industrielle. Nokia délocalise des produits qui marchaient très bien », ajoute t-il auprès de l’AFP.

Pour Jean-François Schmitt, de la CFE-CGC, "il est clair que Nokia avait ce projet depuis son rachat d'Alcatel Lucent il y a quatre ans. Ils ont racheté les brevets, qu'ils ont très bien su faire fructifier, et ont gagné avec Alcatel Lucent une implantation précieuse aux Etats-Unis. Ils n'avaient pas besoin des salariés français d'Alcatel".Il craint la fermeture à terme du centre de recherche de Lannion et une activité réduite aux fonctions de support des clients français.

François Veillon, délégué CFDT de Lannion, évoque un "gâchis", citant en vrac des bâtiments "flambant neufs" à Lannion, des aides de l'État, de la région et des communes, le choix de Nokia pour le réseau haut débit de la région Bretagne.

Un site dans l’Essonne aussi concerné

A l'arrivée de la manifestation aux Invalides, plusieurs personnalités politiques ont apporté leur soutien. Le secrétaire général de la CFDT (syndicat numéro un chez Nokia) Laurent Berger point lui Nokia du doigt : "Ce sont des margoulins, ils ne respectent pas leurs engagements". "Ce n'est pas acceptable aujourd'hui alors qu'on parle de relocalisation après la crise sanitaire de voir des délocalisations. On ne laissera pas faire (...) je demande que l'Etat français demande à Nokia de rendre l'argent public dont il bénéficie encore", affirme t-il

Plus loin dans le cortège, on retrouve aussi Dominique, venu avec de nombreux salariés de Nokia-Villarceaux à Nozay (Essonne), où 831 postes sont supprimés. Il  parle d'un plan "incompréhensible, alors que la 5G n'est pas encore mature". Dominique dénonce les relocalisations en Roumanie, Pologne, Inde et aux États-Unis, où le président Donald "Trump a bien aidé Nokia en barrant la route à Huawei pour la 5G. Mon équipe entière sera supprimée et j'ai vu qu'ils ont ouvert à Helsinki les postes correspondants" dit-il, écœuré.