Pédopornographie : un vaste coup de filet aboutit à 61 interpellations en France
8 octobre 2020 à 13h00 par Iris Mazzacurati avec AFP
Une soixantaine de personnes, soupçonnées d'avoir téléchargé et consulté des milliers de photos et vidéos pédopornographiques, ont été interpellées depuis lundi, dans le cadre d'un vaste coup de filet, a-t-on appris jeudi 8 octobre de source policière.
Originaires d'une trentaine de départements, les suspects, dont les interpellations ont nécessité la mobilisation de 220 policiers, téléchargeaient les photos et vidéos sur les réseaux de pair à pair, qui permettent aux utilisateurs d'échanger directement des fichiers sans passer par un serveur.
Les enquêteurs, aidés d'un logiciel américain utilisé par le FBI, ont pu pénétrer ces réseaux, remonter les adresses IP et détecter les téléchargements. En un an, pas moins de 100 000 connexions ont été constatées sur le territoire français.
Plus d'une centaine de disques durs externes, une centaine de téléphones et ordinateurs portables, près de 150 clefs USB, des DVD et des CD ont été saisis lors des perquisitions et ont permis la découverte de centaines de milliers de photos et vidéos pédopornographiques. L'un des interpellés était même équipé d'un "serveur avec refroidissement à eau avec 176 terraoctets de données téléchargées", a indiqué Eric Bérot, chef de l'Office central pour la répression des violences aux personnes (OCRVP), qui a coordonné l'opération.
Certaines gardes à vue, démarrées ce jeudi, sont toujours en cours et une dizaine de suspects ont été déférés aux différents parquets locaux. Un homme a d'ores et déjà été condamné en comparution immédiate à dix mois ferme par le tribunal judiciaire de Valenciennes (nord).
"On a des gens capables ensuite de passer à l'acte"
Parmi les gardés à vue, âgés de 28 à 75 ans, au moins quatre sont également mis en cause pour des faits de viol sur mineur après l'exploitation de leur matériel informatique, a indiqué M. Bérot.
"Cela démontre que le téléchargement de fichiers pédopornographiques n'est pas anodin. On a des gens capables ensuite de passer à l'acte", souligne le commissaire. L'un d'eux est un éducateur sportif dans deux clubs de football.
Un imam, un informaticien, un professeur à la retraite, des employés, des chômeurs, des cadres : "Il n'y a pas de profil unique. Tous les milieux sociaux sont concernés", souligne le chef de l'OCRVP. Seul dénominateur commun, "il s'agit d'hommes à 99%", à l'exception d'un couple qui consultait les images ensemble.
Une dizaine d'entre eux étaient déjà connus de la justice pour ce type de faits et inscrits au fichier judiciaire automatisé des auteurs d'infractions sexuelles (Fijais).