Rixe en Essonne : 6 mineurs mis en examen après le meurtre de Saint-Chéron

25 février 2021 à 8h45 par Iris Mazzacurati

VOLTAGE
Lundi, plusieurs mineurs de Dourdan se sont rendus en train à Saint-Chéron pour "en découdre".
Crédit : Wikimedia Commons / Geralix

Six adolescents âgés de 14 à 16 ans ont été mis en examen, jeudi 25 février, dans le cadre de l'enquête sur le meurtre d'une collégienne de 14 ans poignardée lundi à Saint-Chéron (Essonne) lors d'une rixe entre jeunes, a annoncé la procureure d'Evry.

Le mineur âgé de 16 ans ayant reconnu avoir porté le coup de couteau mortel a été mis en examen pour meurtre sur mineur de 15 ans, violences aggravées et participation à un groupement en vue de commettre des violences et a été placé en détention provisoire, selon la magistrate Caroline Nisand.

Les cinq autres sont poursuivis pour violences aggravées, participation à un groupement en vue de commettre des violences et non assistance à un mineur de 15 ans en danger, conformément aux réquisitions de la procureure.

Ils ont été placés sous contrôle judiciaire avec l'interdiction de paraître en Ile-de-France et d'être en contact avec les coauteurs, les victimes et leur famille.

La rivalité entre des mineurs de Dourdan et de Saint-Chéron (Essonne) remonte à cet été "sur fond de messages, d'insultes et de provocations sur les réseaux sociaux", a expliqué la procureure.

Lundi, plusieurs mineurs de Dourdan s'étaient rendus à Saint-Chéron pour "en découdre". Dans la rixe, "à coups de poing et de pieds", un des mineurs de Dourdan a donné un coup de couteau mortel à l'adolescente de 14 ans, Lilibelle, décédée lundi soir à l'hôpital.

Une deuxième rixe à Boussy-Saint-Antoine

Dans une autre commune de l'Essonne, à Boussy-Saint-Antoine, un adolescent de 14 ans a été tué mardi dans un nouvel affrontement entre bandes de jeunes. Les deux affaires ne sont pas être liées, selon le parquet.

Le garçon a été tué d'un coup de "couteau au thorax, qui a touché le cœur" et un deuxième jeune, âgé de 13 ans, été blessé à la gorge. Son pronostic vital n'était plus engagé mercredi.

Les participants à cette rixe sont majoritairement originaires du quartier des Cinéastes à Epinay-sous-Sénart et du quartier du Vieillet à Quincy-sous-Sénart, en rivalité "depuis des années".

Ces deux bandes composées d'une trentaine de jeunes se sont donné rendez-vous "en uniforme noir armés de couteaux, de béquilles et de bâtons", a précisé mercredi la procureure lors d'une conférence de presse.

"Il était prévu que les plus âgés, 17 ans, laissent les plus petits de 13, 14 ans se battre sous leur surveillance. Il ressort que les plus petits se sont battus, les plus grands étaient en retrait", a-t-elle ajouté.

Sept jeunes sont toujours en garde à vue, dont le garçon de 15 ans originaire d'Epinay qui s'était rendu à la gendarmerie, accompagné de sa mère, en se présentant comme l'auteur du coup mortel et des blessures du deuxième adolescent.

Connu des services de police pour port d'arme, il "est allé au contact" et "s'est retrouvé encerclé" avant de porter "deux coups de couteau en direction de chacun des mineurs", a déclaré Caroline Nisand, qui a ouvert une enquête pour meurtre sur mineur de 15 ans, tentative de meurtre et violences aggravées.

"Monté d’un cran dans la violence"

Selon une source policière locale, "des rixes il y en a toujours eu" mais "maintenant on est monté d'un cran dans la violence, ils ont des couteaux et des outils pour tuer".

Réseaux sociaux, clips de rap, séries, films... "Les jeunes passent de plus en plus tôt à l'acte, nourris par le phénomène des gangs américains mis en lumière par les réseaux sociaux et l'industrie culturelle actuelle", précise le chercheur spécialiste des bandes et de la délinquance juvénile Thomas Sauvadet.

Selon le ministère de l'Intérieur, 357 affrontements entre bandes de quartiers ont été recensés en 2020 en France contre 288 en 2019, soit une hausse notable de près de 25%. Trois personnes sont décédées et 218 ont été blessées lors de ces affrontements.

En tout, 46 bandes sur 74 sont implantées sous le ressort de la préfecture de police de Paris, qui comprend aussi la Seine-Saint-Denis, le Val-de-Marne et les Hauts-de-Seine.

Depuis mardi, 60 gendarmes supplémentaires ont été déployés à Saint-Chéron et 30 policiers à Boussy-Saint-Antoine.



(Avec AFP)