Télétravail : une chambre d’hôtel pour bureau ?

25 septembre 2020 à 10h30 par Iris Mazzacurati avec AFP

VOLTAGE
L'hôtel offre un havre de paix qu'on n'a pas toujours chez soi.
Crédit : Pixabay - photo d'illustration

Alors que le télétravail se généralise, dans les faits, travailler de chez soi peut se révéler un véritable calvaire : manque de place, manque de calme, distractions en tout genre... Heureusement, certains hôtels proposent des "séjours télétravail". De quoi remplir leurs chambres vides en l'absence des touristes et vous sauver la mise.

"J'habite un petit appartement, pas loin de l'hôtel", explique Julie, lectrice de scénarios de 27 ans. "On est deux à télétravailler dans la même pièce, alors parfois pour finaliser des projets précis, je préfère passer la journée à l'hôtel pour me concentrer".

Vivant "au-dessus d'une cour d'école" dans le IXe arrondissement parisien, Julie apprécie le calme des chambres de l'hôtel Arvor, un confort qu'elle paie 50 euros la journée.

Plusieurs fois par mois, elle se rend dans une suite convertie en bureau de 8h30 à 19h00, s'installe au spacieux bureau disposé près d'une fenêtre et profite du wifi haut débit et de boissons chaudes à volonté.

"On a lancé cette offre tout de suite après le confinement, le 14 mai", explique le directeur de cet hôtel, David Grenet. Pendant le confinement, plusieurs salariés de l'hôtel travaillaient confinés à Paris, se souvient-il. "Avec du bruit, les enfants qui nous interrompaient, on avait pas forcément d'endroits calmes pour se poser. On s'est dit qu'il y avait un créneau, qu'on pouvait offrir un espace de télétravail".

Jeunes parents, mais aussi étudiants venus préparer leurs examens : en quatre mois, l'hôtel a accueilli une cinquantaine de télétravailleurs, qui constituaient même la majeure partie de la clientèle durant les premiers mois du déconfinement.

En tout, l'hôtelier estime avoir tiré environ 2 500 euros de ces offres diurnes, facturées moitié-prix par rapport au coût de la nuitée.

Un léger coup de pouce

L'hôtel est loin de sa moyenne de remplissage habituelle de 85% à l'année, et tourne aujourd'hui "au maximum sur 20%", déplore David Grenet.

Selon le groupement patronal des indépendants de l'hôtellerie-restauration (GNI), les hôteliers accusent une perte de chiffre d'affaires de 92% sur l'ensemble du second trimestre 2020 par rapport à l'an passé.

"En aucun cas, le télétravail ne permettra de combler le déficit de clientèle que connaît aujourd'hui l'hôtellerie. Maintenant, toutes les autres recettes tirées de l'activité diurne de nos hôtels est la bienvenue", a commenté un porte-parole du syndicat.

Et les hôtels de charme ne sont pas seuls à repenser leurs offres.

Les hôtels Accor proposent depuis début août leurs chambres entre 35 à 135 euros durant la journée selon le standing, tandis que Best Western a lancé mi-septembre, MyWO, une nouvelle marque dédiée dans 14 établissements en France.

La chaîne propose trois formules allant du lobby, où les clients peuvent s'installer moyennant le prix d'une consommation, à des salons équipés pour accueillir des réunions, en passant par des espaces isolés à l'ambiance feutrée, accessibles sur réservation.