Un péage autour de Paris d’ici 2030 ?

23 octobre 2017 à 7h53 par Mikaà«l Livret

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Crédit : Périphérique - Paris

Une vaste consultation est lancée sur la transformation des autoroutes urbaines et du périphérique pour les 30 prochaines années. La question de la création d'un péage urbain et périurbain sera posée.

De quoi alimenter la guerre banlieue-Paris. « La question du péage urbain et périurbain à mon sens mérite d’être posée ». C’est par cette petite phrase que Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris en charge de l’urbanisme et des projets du Grand Paris, a relancé l’idée de faire payer les automobilistes pour circuler sur des routes jusqu’alors gratuites.

Une déclaration qui est intervenue en fin de semaine dernière, lors du salon Autonomy à la Villette consacré aux nouvelles mobilités, l’élu a évoqué différents projets et réflexions « sur le devenir des autoroutes urbaines et du périphérique dans les années qui viennent »

Faire payer l’utilisation de l’espace public

L’horizon est encore lointain (2024, 2030, voire 2050), mais les réflexions s’engagent dès maintenant sur la transformation des routes franciliennes, alors que se profilent des révolutions comme l’arrivée des véhicules autonomes, la fin des voitures à essence ou l’apparition de nouvelles formes de mobilités partagées (covoiturage, autopartage…). Et dans ce contexte, la question du financement n’est pas la moins importante.

Selon Jean-Louis Missika, pour financer 1 € d’entretien des chaussées, l’usager paye 2 € quand il emprunte des autoroutes à péages, 0,30 € pour les routes nationales et autoroutes gratuites, et 0,13 € pour les rues en ville. « Je ne demande pas à l’Etat d’instaurer le péage urbain, je lui demande de l’autoriser, a poursuivi l’élu. Il faut réfléchir à cette question ». Jean-Louis Misska a déjà son avis là-dessus : « Des autoroutes urbaines gratuites, est-ce vraiment sérieux ? Ma réponse est non », a-t-il lancé.

La circulation des véhicules à Paris est décidément un sujet brûlant.

Pèle mêle, on a déjà eu droit à la piétonisation des voies sur berge, aux vignettes écologiques discriminantes, et les carrefours sans feux tricolores vont apparaître tandis que la fin des véhicules à propulsion thermique a déjà été annoncée. Et ce n’est pas fini. L’arrivée des véhicules autonomes, ou l’apparition de nouvelles formes de mobilités partagées, qui vont du covoiturage à l’autopartage, changera encore la donne. Mais il y aura une constante : il faudra payer pour rouler.

Son collègue adjoint aux transports, Christophe Najdovski entre dans le détail : « il y a une utilisation opportune du trafic de transit en Ile-de-France, avec des poids lourds qui préfèrent prendre la Francilienne, l’A86 voir le périph, plutôt que de payer le péage de l’A5 ». En réalité, à peine 3 % du trafic poids-lourds en Ile-de-France est un trafic de transit, a toutefois indiqué Gilles Leblanc, directeur de l’équipement de la région (DRIEA).

Le but en tout cas serait de faire payer l’utilisation de la route comme celle d’un réseau de métro ou de bus. Comment ? Les moyens sont déjà là : les portiques de contrôles de feue l’écotaxe qui renaîtrait de ses cendres sont déjà installés dans la région parisienne. L’idée suit son cours. Pour quel délai d’application ? En 2024, il y a l’échéance des Jeux olympiques…

Une étude sur la transformation du périph et des autoroutes

Que deviendront le périph et les grands axes routiers franciliens dans 20 ou 30 ans ? C’est fort de ce constat que la Ville de Paris entend lancer dans les prochains jours, avec l’Etat, l’association des maires d’Ile-de-France (Amif), le Forum métropolitain du Grand Paris (syndicat d’études regroupant des élus et entreprises de la région), une vaste « consultation internationale » sur le devenir des autoroutes urbaines et du périphérique.

Des « équipes pluridisciplinaires » du monde entier (urbanistes, spécialistes des transports, architectes, économistes…) seront sollicitées pour travailler pendant un an sur le devenir de ces routes. Cette étude portera sur deux horizons lointains : 2024, avec l’échéance des Jeux olympiques, et 2050, quand la révolution du véhicule autonome sera effective. Le Conseil de Paris avait débattu en janvier sur le lancement d’une étude sur le périphérique, mais « cela ne servait à rien de le faire sans intégrer les autres axes majeurs » d’accès à la capitale, a reconnu Jean-Louis Missika. Désormais, les réflexions se font à l’échelle de la métropole et l’Etat y est associé. La région Ile-de-France, elle, n’a pas encore donné sa réponse.