Val d'Oise : quatre personnes en garde à vue pour l'attaque au couteau de Nice

3 novembre 2020 à 9h30 par Iris Mazzacurati avec AFP

VOLTAGE
Ces quatre hommes ont été interpellés dans le Val-d'Oise.
Crédit : Pixabay - photo d'illustration

L'enquête avance autour de l'attentat au couteau à Nice le 29 octobre dernier. Quatre nouvelles personnes sont en garde à vue.

Quatre personnes ont été placées mardi matin en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur l'attaque au couteau dans une église de Nice qui a fait trois morts, a-t-on appris de source judiciaire.

Ces quatre hommes ont été interpellés dans le Val-d'Oise. L'un d'eux, âgé de 29 ans, est soupçonné d'avoir été en contact avec l'assaillant tunisien, Brahim Issaoui. Les trois autres, âgés de 23 à 45 ans, étaient présents au domicile du premier.

Jusqu'à ces nouvelles interpellations, six personnes avaient déjà été placées en garde à vue depuis jeudi. Mais toutes ont été relâchées, à l'exception d'un seul suspect, un Tunisien de 29 ans.

Cet homme est soupçonné d'avoir voyagé avec Brahim Issaoui à bord du bateau qui a accosté sur l'île italienne de Lampedusa, en Méditerranée, puis d'avoir transité avec lui jusqu'en France.

Brahim Issaoui, 21 ans, était pour sa part toujours hospitalisé mardi matin. 

Selon une source proche du dossier, qui confirmait une information du Figaro, il a été testé positif au Covid-19, une contamination qui pourrait retarder de plusieurs jours son audition.

Le jeune homme, originaire de la ville de Sfax au centre de la Tunisie, avait dans ce pays des antécédents judiciaires de droit commun, pour violence et drogue. Il avait quitté mi-septembre sa famille avec laquelle il vivait. Réparateur de motos selon sa mère, il faisait la prière depuis deux ans et demi. "Il ne sortait pas et ne communiquait pas avec les autres", a-t-elle précisé.

Salle de prière

Après sa traversée de la Méditerranée et son arrivée sur l'île italienne de Lampedusa, Brahim Issaoui aurait été placé en quarantaine avec près de 400 migrants sur le ferry "Rhapsody", selon la presse italienne, avant de débarquer sur le continent à Bari, dans le sud-est de l'Italie, le 9 octobre. 

Selon une source proche de l'enquête, il s'est ensuite rendu en Sicile. Il aurait ensuite rejoint Ahmed B-A à Rome d'où ils ont voyagé vers la France.

L'enquête a pu déterminer qu'il était arrivé à Nice mardi 27 octobre, deux jours avant l'attaque.

Tôt le matin des faits, il s'est rendu dans une salle de prière située à quelques centaines de mètres derrière la gare centrale de Nice. 

"Cela pose beaucoup de questions, il n'y a personne qui le connaît ici, il ne connaît pas Nice et il n'y a pas d'affiche signalant la salle de prière, seulement les horaires d'ouverture sur un panneau d'affichage au portail", a indiqué l'imam d'origine tchétchène Ramzam Magamadov, confirmant avoir été interrogé par la police comme le rapportent les quotidiens Nice-Matin et Le Parisien

Premier "surpris" et "très choqué", M. Magamadov a répondu aux questions des enquêteurs pendant une petite heure vendredi.

La salle de prière, fermée depuis le reconfinement, a ouvert aux environs de 6h00 le matin de l'attaque. "Ca dure un quart d'heure-vingt minutes et après on ferme, en majorité ce sont des gens du quartier, des ouvriers, des artisans", a précisé M. Magamadov. "Ca m'intéresse aussi de savoir comment il est arrivé là, si quelqu'un lui a montré ou s'il a demandé son chemin", dit-il.

Jeudi matin, à 8h29, il a pénétré dans la basilique Notre-Dame-de-l'Assomption, dans le centre-ville. Là, il a égorgé une femme de 60 ans, Nadine Devillers, et le sacristain, Vincent Loquès, âgé de 55 ans.

Une mère de famille brésilienne de 44 ans, Simone Barreto Silva, poignardée à plusieurs reprises dans l'édifice, est décédée dans un restaurant à proximité où elle s'était réfugiée.

Les enquêteurs comptent notamment sur l'exploitation des deux téléphones portables retrouvés dans ses affaires et sur les investigations menées en Tunisie et en Italie pour retracer son parcours et déterminer s'il a bénéficié de complicités.

Cette attaque terroriste est la troisième perpétrée en France depuis la republication début septembre de caricatures du prophète Mahomet par Charlie Hebdo.