Violences en ligne contre les mineurs : un bond de 57% en 2020
Publié : 3 février 2021 à 9h55 par Iris Mazzacurati
Chantage à la webcam, photomontages dégradants, "revenge porn", insultes... Favorisées par les confinement successifs, les cyberviolences visant les mineurs ont bondi de 57% en 2020, alerte l'association e-Enfance, qui gère une plateforme d'écoute dédiée à ces phénomènes.
L'année dernière, le nombre d'appels sur la ligne "Net Ecoute" (0800 200 000, le numéro vert national de protection des mineurs sur internet et d'aide à la parentalité numérique) ayant trait à ces violences s'est élevé à 4 315, contre 2 747 en 2019, a précisé la directrice générale de l'association, Justine Atlan.
Une augmentation principalement liée à l'explosion de deux phénomènes de "sextorsion, menace ou diffusion de contenu à caractère sexuel sans consentement et injures", le chantage à la webcam et le revenge porn, avec une part des 15-17 ans en forte augmentation chez les victimes.
Le premier a essentiellement concerné des jeunes garçons de 14 ans, victimes par exemple d'individus se faisant passer pour des femmes pour les piéger et leur soutirer de l'argent en menaçant de divulguer des vidéos compromettantes, quand le deuxième a touché principalement des lycéennes de 15-16 ans, victimes de la diffusion de photos ou vidéos à caractères sexuelles, associées à tort ou à raison à leurs noms, explique Mme Atlan.
"Il y a eu beaucoup de délinquants d'opportunité", analyse-t-elle. "Les adolescents, assez vulnérables" ont continué "à vivre en ligne", et "à l'inverse, c'était forcément plus facile" pour les escrocs ou harceleurs de trouver des victimes, ajoute Mme Atlan, une semaine avant la journée internationale de sensibilisation aux usages numériques des jeunes, le Safer internet day, qui sera cette année "placé sous le signe de la pandémie".
L'association a également recensé "pas mal d'insultes en ligne", alertée notamment par des enseignants à l'issue de leurs classes virtuelles, où ils constataient parfois des "intrusions" avec des messages injurieux et des "liens vers contenus pornographiques, sans pouvoir "les réguler".
Au total, l'association a recensé 12 000 appels sur sa plateforme en 2020, pour des sujets allant de la violation des données personnelles, à l'exposition à des contenus choquants en passant par des demandes de conseil de parents sur le temps d'écran des mineurs, selon Mme Atlan.
Gratuite et confidentielle, la plateforme s'inscrit dans le cadre du programme Safer Internet de la Commission européenne et signale les dangers et cyberviolences directement aux réseaux sociaux, tout en coopérant avec les pouvoirs publics.
(Avec AFP)