Véhicules électriques : leur batterie est-elle un problème pour la planète ?

24 janvier 2023 à 6h00 par Lucas Pierre

La batterie des véhicules électriques est-elle un problème pour la planète ?
Ces véhicules électriques sont-ils plus polluants que les thermiques en raison de leur batterie ?
Crédit : CC0 - Image d'illustration

Le recyclage de la batterie des véhicules électriques est probablement l'un des arguments les plus utilisés quand il s'agit de louer les malheurs cette nouvelle mobilité. Si tout n'est pas faux à ce sujet, la réalité est en fait un peu plus complexe.

S’il y a bien un sujet qui est sur toutes les lèvres quand on parle des mobilités électriques… c’est celui de la batterie ! « aujourd’hui, on ne sait pas les recycler ! » nous disent certains, avec comme conséquence un véhicule en réalité beaucoup plus polluant que son équivalent thermique. Cette affirmation apparaît comme une vérité absolue pour beaucoup… sauf que la réalité est en fait un petit peu plus complexe !

Il faut tout d’abord évoquer la question de la durabilité des batteries. C’est le point qui fait que certains acceptent ou pas de se tourner vers un véhicule électrique plutôt que thermique. Pourquoi ? Parce que la batterie coûte cher à la production et augmente donc considérablement le prix du véhicule à l’achat. Heureusement, la technologie avance plutôt vite. La conséquence directe, c’est la baisse de leur prix, de 6% entre 2021 et 2022 selon un rapport annuel de Bloomberg ! L’autre conséquence, c’est leur durée de vie ! Pas besoin de vous affoler si vous souhaitez passer à l’électrique, les batteries ont une durabilité qui peut varier entre 10 et 20 ans avant d’avoir à les remplacer d’après les estimations actuelles.

« Le recyclage, c’est pas vraiment un sujet »

L’autre question systématiquement soulevée quand on évoque les batteries des véhicules électriques… c’est le recyclage ! Il est vrai que c’est aujourd’hui l’un des points noirs de ces nouvelles mobilités. Pourtant, il est aussi vrai de dire que la filière du recyclage existe déjà ! Même si elle est encore balbutiante en raison, en partie, du nombre encore faible de véhicules électriques en fin de vie. « Le recyclage aujourd’hui, c’est pas encore vraiment un sujet parce qu’il n’y a pas de batterie à recycler » nous dit Vincent Larnicol de la Fédération Française des Associations d’Utilisateurs de Véhicules Électriques (FFAUVE). Le nombre d’entreprises reculant les batterie est effectivement encore faible à ce jour, d’autant que « les batteries ont souvent une seconde vie une fois qu’elles ont perdu de l’autonomie, elles sont encore utilisables dans des usages stationnaires, où on peut utiliser des batteries vieillissantes » ajoute-t-il.

À partir de ce constat, on peut légitimement se demander où est le problème avec les batteries des véhicules électriques et hybrides. Et au-delà même de la possibilité de les recycler, un tel système serait-il viable d’un point environnemental ? Là encore, la réponse nécessite de faire preuve d’un peu de nuance. Elle nécessite même d’abord un point, peut-être, un peu plus philosophique : notre rapport au déplacement. Car « une grande partie des impacts environnementaux du véhicule électrique sont liés à la production de la batterie » nous dit Aurélien Bigo. Le chercheur sur la transition énergétique des Transports explique que l’on a « intérêt à aller vers des véhicules qui sont plus légers et qui consomment moins d’énergie ».

Aurélien Bigo, chercheur sur la Transition énergétique

Car l’un des facteurs responsables de la mauvaise rentabilité du véhicule électrique, c’est son format. Concrètement, les constructeurs ont, à ce jour, tendance à produire des véhicules dont la batterie et l’autonomie sont surdimensionnés. « Ça va être des véhicules électriques de 1,5 tonnes, voire plus, qui vont avoir plusieurs centaines de kilos de batteries et pour lesquels on va miser sur une autonomie de l’ordre de 300, 400km, etc.. » nous dit Aurélien Bigo. Ce alors que « les trajets du quotidien font en moyenne 11 kilomètres, donc pas forcément besoin de véhicules de cinq places qui vont jusqu’à 180 km/h, quand les trajets du quotidien sont souvent des trajets avec une ou deux personnes à l’intérieur pour quelques kilomètres ».

Plusieurs alternatives s’offrent donc déjà à nous, entre réparation, recyclage et même réutilisation de la batterie et de certains de ses éléments à des fins totalement différentes. Il semble cependant important de comprendre qu’au-delà de l’aspect purement technologique de la batterie, il est essentiel de revoir notre rapport aux déplacements, et surtout aux véhicules.