A Berlin, le clubbing change de visage.

A la fin de l'année 2024, la Clubcommission, l'association des boîtes de nuit berlinoises tirait la sonnette d'alarme en affirmant que 46% de ses membres envisageaient de fermer dans les 12 prochains mois. Soit d'ici à la fin 2025, comme le rapporte dans un reportage nos confrères du Figaro. Et 61% d'entre eux indiquaient également avoir subi une baisse "considérable" de leurs revenus. Une tendance à la baisse qui 'a pas épargné le SchwuZ, un club mythique du quartier de Neukölln, et bastion de la communauté LGBTQIA+, qui récemment a concédé un déficit mensuel moyen d'environ 50 000 euros, selon les déclarations de Katja Jäger, sa directrice. Elle explique notamment sa baisse de revenus par des habitudes qui ont changé dans sa clientèle. Selon elle,  «Les gens ne boivent plus trois ou quatre consommations, mais peut-être seulement une». Menacé de fermeture, le SchwuZ a donc eu l'idée d'en appeler à sa communauté, à sa créativité et à la générosité des clubbers berlinois. Il a tout simplement lancé un appel aux dons et récolté dans un premier temps la somme de 50 000 euros. C'est bien mais ce n'est pas suffisant. La directrice du lieu qui affiche une superficie impressionnante de 1600 m2 propose donc aussi de louer son club pour diversifier ses activités. On y retrouve maintenant des soirées de plusieurs types pour des commuanutés différentes : jeunes gothiques, sans alcool, comédies musicales ou fêtes d'entreprises, tout ou presque est désormais possible ici.

Mais dans ce contexte plutôt morose, le renouveau de la nuit berlinoise est peut-être déjà en route avec de nouveaux lieux et de nouveaux formats. Un virage qui plaît à certains habitués de la ville qui sont curieux de la voir se réinventer et qui ne voit pas forcément d'un mauvais oeil la fin de l'hégémonie des grands clubs de la capitale allemande. Parce que, comme on dit, le malheur des uns fait le bonheur des autres, et à Berlin comme ailleurs, certains profitent déjà de la fermeture de certains endroits mythiques. Des nouveaux projets voient le jour et de nouveaux lieux commencent à ouvrir, même s'ils sont encore peu nombreux. Et pour attirer un nouveau public, ils parient moins sur la démesure que sur l'appartenance à un public spécifique. Au risque de s'attirer les critiques de ceux qui fustigent toute forme de sectarisme.

Selon Emiko Gejik, le porte-parole de la commission cité par le Figaro, ces nouveaux lieux sont «beaucoup plus orientés vers les communautés, comme des collectifs queer, des gens de couleur, des sober raves». Les clubs mythiques qui subsistent, à l'image du légendaire Berghain, doivent donc continuer à entretenir une identité forte, avec notamment une programmation et une sélection exigeante. Ou alors, ils peuvent choisir de s'ouvrir à une clientèle plus touristique, comme l'a fait le célèbre club Watergate, avant de fermer lui aussi en début d'année. Mais dans un cas comme dans l'autre, pour l'instant pas de panique, la nuit berlinoise n'est pas finie.