Covid : des médecins appellent à « siffler la fin de la récréation »

14 septembre 2020 à 15h00 par Iris Mazzacurati

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En Angleterre, il est désormais interdit de se réunir à plus de six personnes issues de foyers diffé
Crédit : Pixabay

Devant l'augmentation du nombre de contaminations au coronavirus, un collectif de médecin signe une tribune dans le JDD pour pointer du doigt les rassemblements privés.

"Evitez, autant que possible, les rassemblements privés", plaident ces médecins dans une tribune publiée par le Journal du dimanche (JDD), en appelant à "siffler la fin de la récréation".

"Plus une pièce est petite, plus elle contient de monde, moins elle est aérée, et plus vous augmentez les risques. Réduisez le nombre de personnes présentes dans le cadre privé. Si possible, reportez toute réunion. Sinon, portez un masque, comme au travail. Sans oublier la distanciation", poursuivent-ils.

Si "les Français respectent plutôt bien les mesures dans la sphère publique et la sphère professionnelle. (…) il reste cette troisième sphère, qui peut être un point d'échappée pour le coronavirus", explique Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille et signataire de la tribune.

"Il y a beaucoup de gens qui portent leur masque 10 heures par jour, mais s'ils passent ensuite une heure, agglutinés dans un bar, ils vont perdre tout le gain de leur journée", a déclaré Martin Hirsch, le directeur général de l'AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris), lundi 14 septembre sur BFMTV.

Selon l'agence sanitaire Santé publique France, le "milieu familial élargi" et les "événements publics/privés rassemblant de manière temporaire des personnes" sont à l'origine d'un quart (26%) des quelque 1 600 foyers de contamination (ou "clusters") repérés depuis la fin du confinement en mai. C'est presque autant que les entreprises, qui occupent la première place (29%).

"Rassemblements privés et autres fêtes familiales sont des événements à haut risque non seulement de transmission, mais aussi de passage du virus à des personnes à risque, car ce sont le plus souvent des événements intergénérationnels", estime l'épidémiologiste Antoine Flahault.

Faire appel à l’intelligence des gens

En Angleterre, il est désormais interdit de se réunir à plus de six personnes issues de foyers différents (sauf écoles, lieux de travail, mariages ou funérailles). Et dans la ville de Birmingham, toutes les rencontres entre amis ou familles seront bannies dès mardi.

Mais certains s'interrogent sur la façon de faire appliquer de telles mesures dans la sphère privée.

De son côté, Renaud Muselier, président d'une des régions françaises les plus touchées, Provence-Alpes-Côte-d'Azur, a réclamé dimanche sur RTL "d'interdire les fêtes de mariage".

Selon la ministre Frédérique Vidal, "plus d'une dizaine de clusters" ont été identifiés au sein d'établissements d'enseignement supérieur, alors que tous n'ont pas encore fait leur rentrée.

"Les dernières données confirment que la multiplication de nouvelles contaminations est majoritairement liée à des rassemblements privés (soirée étudiantes, privatisation de bars), a indiqué la ministre dans un communiqué publié dimanche.

"Je ne suis pas d'avis qu'on impose" de nouvelles contraintes aux gens, "mais qu'on leur explique pour qu'ils comprennent les risques et se responsabilisent", souligne le Pr Amouyel.

Par exemple, "si on va être dix à table, au lieu de se serrer les uns contre les autres, il vaut mieux diminuer le nombre de gens ou se voir à l'extérieur".

"Il n'y a pas de chiffre absolu pour le nombre de participants, c'est en fonction de la situation : si on est cinq dans une grande maison, il n'y a pas de problème. Mais si on est dans une petite maison et à quinze autour d'une petite table, ça peut devenir un problème", conclut-il, en faisant "appel à l'intelligence des gens".

(Avec AFP)