Mort d’Adama Traoré : une expertise dédouanant les gendarmes annulée

1er décembre 2020 à 13h25 par Maud Tambellini

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La photo a été prise lors de manifestations à Paris en juin dernier
Crédit : CLEMENT MAHOUDEAU / AFP

La cour d'appel de Paris a annulé ce mardi une expertise médicale qui dédouanait les gendarmes de la mort d'Adama Traoré, survenue en 2016 dans le Val-d'Oise, à la suite de son interpellation. En cause : un vice de procédure.

Il s’agissait de la dernière expertise rendue fin mai qui mettait hors de cause les gendarmes dans la mort d'Adama Traoré. Pour rappel, le 19 juillet 2016, le jeune homme de 24 ans est décédé dans la caserne des gendarmes de Persan, près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise. Adama Traoré avait réussi à fuir une première interpellation avant d’être rattrapé au terme d’une course-poursuite.

Me Yassine Bouzrou, l'avocat de la famille d'Adama Traoré, avait dénoncé le 15 juin dernier une violation du code de procédure pénale et demandé l'annulation de cette expertise, s'interrogeant sur une "tentative d'escroquerie" au jugement.

L'avocat soulignait que les trois médecins ayant rédigé ce rapport avaient fait appel à un confrère cardiologue sans le mentionner dans l'expertise ou sans en demander l'autorisation au juge d'instruction.

Ce mardi matin, la chambre de l'instruction de la Cour d’appel de Paris a donc annulé cette expertise pour "cette question de procédure", selon une source judiciaire.

"Cette annulation ne s’appuie pas sur la teneur des conclusions des experts, mais sur un défaut de respect du formalisme requis par le Code de procédure pénale", ont considéré dans un communiqué les avocats des gendarmes, Me Rodolphe Bosselut, Pascal Rouiller et Sandra Chirac Kollarik.

Les deux autopsies et les quatre expertises missionnées par la justice, parmi lesquelles celle annulée mardi, ont jusqu'ici mis en avant des antécédents médicaux, notamment cardiaques et génétiques, pour expliquer ce décès, dédouanant ainsi les gendarmes.

Une nouvelle expertise médicale, confiée en juillet à des médecins-experts belges, est attendue pour janvier.

Les deux rapports successifs de quatre médecins choisis par la famille ont au contraire balayé ces conclusions et mis en cause les forces de l'ordre auxquelles ils reprochent un "plaquage ventral" aux conséquences mortelles, alors que les gendarmes contestent avoir utilisé cette technique.