Après avoir fui la guerre, deux jeunes Ukrainiens sont accueillis à l'école élémentaire Thiers du Raincy

20 avril 2022 à 12h44 par Mathieu Message

Daria et Matvii, 9 ans, entourés de leur mère Mariana Saienko, dans la cour de l'école du Raincy.
Daria et Matvii, 9 ans, entourés de leur mère Mariana Saienko, dans la cour de l'école du Raincy.
Crédit : Mathieu MESSAGE

Originaires de Lviv, Daria et Matvii ont fui le conflit en Ukraine accompagnés de leur mère, Mariana Saienko. Aujourd'hui, ils sont installés au Raincy (Seine-Saint-Denis) et sont scolarisés à l'école Thiers, malgré les difficultés liées à la barrière de la langue. Plus du tiers des Ukrainiens arrivés dans la région Île-de-France sont des enfants.

Presque deux mois après le début de l'invasion russe en Ukraine, le nombre de réfugiés s'élève désormais à 5 millions. Parmi eux, certains s'adaptent à une nouvelle vie en France, où les écoles s’organisent pour les accueillir au plus près de leur lieu d’hébergement. C'est le cas de Daria et Matvii, des jumeaux de 9 ans, accompagnés de leur mère, Mariana Saienko.
 

Arriver à suivre les cours lorsqu'on ne comprend pas la langue

 
Originaires de Lviv, Daria et Matvii vivent désormais au Raincy, en Seine-Saint-Denis, où ils sont aussi scolarisés. Des amis de la famille ont pu leur proposer une solution d'hébergement et la mairie a fait en sorte que leur accueil soit facilité.
 
Malgré la guerre dans leur pays, il était nécessaire de reprendre le chemin de l'école. Dans la classe de CE2, le personnel enseignant fait tout pour réduire la barrière de la langue, car deux enfants ukrainiens qui suivent des cours en français, c'est parfois compliqué. Leur mère, Mariana Saienko, explique les différentes difficultés :
 
"Lorsqu'ils sont en mathématiques, ça va, car il faut faire des multiplications, par exemple. Mais lorsque ce sont d'autres matières, c'est diffcile. Rester une heure dans une classe quand tu ne comprends pas la langue, pour les enfants, c'est une épreuve. En ce moment, ils aiment bien les cours de sport, nager, comme ça ils peuvent sortir du bâtiment."
 
Daria et Matvii pratiquaient la danse de salon à haut niveau en Ukraine et aimeraient retrouver des cours adaptés en Île-de-France. Lorsque les cours deviennent trop compliqués, les deux enfants réalisent des dessins ou des ateliers ludiques pour pratiquer le français.
Daria et Matvii, au milieu de leurs camarades de CE2, et leur enseignante, Sylvie Guedj.
Daria et Matvii, au milieu de leurs camarades de CE2, et leur enseignante, Sylvie Guedj.
Crédit : Mathieu MESSAGE

"Humainement, ils nous ont beaucoup apporté"

À leur arrivée, la famille a été bien accueillie, avec des cadeaux, des petits mots de soutien venus de toute l'école. Mais les liens se créent surtout au moment de la récréation, comme avec Anaïs, 9 ans. La petite fille s'est liée d'amitié avec Daria et partage de nombreux moments avec elle, en dehors de l'école :

"Je trouve qu'ils se sont déjà bien intégrés. Ils se sont fait des amis et je pense qu'ils sont contents d'avoir atterri dans notre classe, parce que madame Guedj est très gentille."

Le personnel enseignant est mobilisé, avec des cours spéciaux pour les éléves allophones qui sont donnés régulièrement dans la semaine. Les dispositifs pour les élèves non-francophones (UPE2A) n’existent d'ailleurs pas partout. Sylvie Guedj est l'enseignante en charge de la classe de CE2-A, et elle gère une situation exceptionnelle pour elle :

"Je dois avouer que, parfois, je ne sais plus où j'habite et ce que je fais... C'est un drôle d'exercice de gérer une vingtaine d'élèves, parmi lesquels certains ne parlent pas fançais ! Mais Daria et Matvii sont des enfants intelligents, qui s'adaptent vraiment très vite. C'est mon métier de ne surtout pas lâcher, ni les uns ni les autres. Tous les matins, je demande à mes élèves de se présenter, dire leur âge et où ils habitent. Ça crée une forme d'interaction et ça va les faire progresser en français. C'est aussi une belle aventure pour nous, ça nous a beaucoup apporté humainement parlant."

La solidarité a été totale du côté du Raincy : les parents d'élèves ont notamment contribué à l'achat de matériel scolaire ou de vêtements. L'occasion de rappeler que de nombreuses collectes continuent d'être menées un peu partout en France pour venir en aide aux réfugiés ukrainiens.

Reportage à l'école du Raincy, accueillant deux jeunes Ukrainiens, Daria et Matvii.
Reportage à l'école du Raincy, accueillant deux jeunes Ukrainiens, Daria et Matvii.
Crédit : Mathieu MESSAGE