Sauvons les Kevin : le documentaire réalisé par un Kevin avec des Kevin

29 mai 2024 à 6h00 par Estelle Lafont

Sauvons les Kevin : Le documentaire, réalisé par un Kevin, avec des Kevin
Pourquoi tant de haine pour un seul prénom ? Kevin = Patrick = Julien = Geoffrey = ...
Crédit : Instagram @sauvonsleskevin

S’appeler Kevin : un problème ? Oui et non, « ça peut l’être alors que ça ne devrait pas » nous dit Kevin Fafournoux, réalisateur d’un documentaire à paraitre « Sauvons les Kevin ».

Le projet est lancé, le financement participatif sur Ulule est même clos depuis 2022 avec un objectif atteint à 200%... Le sujet Kevin a suscité un engouement tel que 16 000 euros ont été récoltés ! Depuis, le projet est toujours en production et son réalisateur, Kevin Fafournoux, nous a confié que le montage allait démarrer le 5 juin prochain pour une sortie à la rentrée si le projet trouve un diffuseur.

« Mon postulat de départ, c’est que je ne me sens pas du tout à l’aise lorsque que je dois me présenter à des personnes que je ne connais pas, parce que je sais qu’on va me coller une étiquette (…) que je vais devoir redoubler d’efforts pour prouver que je ne corresponds pas aux clichés et ça, ça me déplaît » débute Kévin Fafournoux.

S’appeler Kevin : quel est le problème ?

En vérité aucun à priori, c’est un prénom comme un autre, pourtant « chaque génération a son lot de prénoms avec des problèmes » poursuit-il. (Aux États-Unis, ce sont les Karen la cible, considérées comme les voisines/mères de famille qui se mêlent de tout, trop engagées…)

On a tous un souvenir qui remonte avec les débuts d’Internet : les premières vidéos que les gens s’envoyaient en chaine de mails. C'était l’époque où les Régis étaient les pauvres bougres victimes de discrimination. Lorsque la génération Kevin fût en âge de prendre cette place, la réaction du net ne s’est pas faite attendre et les Kevin sont devenus une machine à clichés, « problèmes de grammaire, un peu replié sur lui-même, un nerd… Le tunning et le Nord Pas-de-Calais aussi sont très associés à ce prénom » explique-t-il avant de poursuivre que ces raisons sont aussi les moteurs de la création du documentaire, pour « briser et déconstruire les clichés et images peu flatteuses que renvoient ce prénom ».

Il semblerait que nous ne sommes pas le seul pays où Kevin est connoté, « dans les pays francophones en général la réputation n’est pas terrible, Suisse, Belgique, et au Québec aussi. Là où en revanche ça m’a surpris, c’est qu’en faisant mes recherches, j’ai constaté qu’il y a un pays où les Kevin sont encore plus mal vus : l’Allemagne » nous dit-il avec une pointe de « soulagement », il y a pire qu’en France car « chez nos voisins, il y même un terme, le « Kevinisme » ou « Kevinismus », qui veut tout simplement dire que tu as dit une bêtise plus grosse que toi ».

Pour ce qui est du cliché on est en plein dedans, « c’est devenu un terme sociologique, acté, de « faire du kevinisme » » déplore-t-il. Outre les clichés infondés et les blagues lourdes, Kevin Fafournoux précise que derrière ces notions anodines « se cache un vrai problème de discrimination, au travail et avec les filles ». En tête de liste : la discrimination à l’embauche, et juste derrière « le fait que les filles ne donnent même pas une chance à ce garçon pour seul prétexte que : « Oh non un Kevin, c’est mort ! » » déplore-t-il.

Le message et le processus de création

« Le but de ce docu c’est de monter crescendo (…) on veut prouver avec du second degré et de l’humour, car, on ne va pas se mentir, y a plus grave dans la vie, mais que, quand même y un vrai sujet (…) on veut que les gens puissent avoir cette réflexion du « Ah oui quand même c’est un peu lourd à porter » » nous dit-il.

Pour les besoins du documentaire, Kevin Fafournoux s’est inspiré de micros-trottoirs qu’il a réalisé, de témoignages de plus de 500 Kevin, il a été voir chez nos voisins belges, a demandé à des sociologues et a même utilisé des images de son « rassemblement annuel des Kevin » avec même la création d’une musique, spécialement pour le documentaire (créee et arrangée par un Kevin en plus !)… Bref, un teasing qui vous donnera envie d’en rire un peu mais aussi de vous apercevoir que « nos Kevin ont du talent » et qu’un prénom ne devrait pas être synonyme de galère au quotidien.

Sachez que si vous vous appelez Kevin (vous êtes sûrement né entre 1991 et 1994 ou autour, fourchette où le prénom a été le plus donné), ce n’est pas une finalité, nous on vous aime, on sait qu’au même titre qu’un Jacques, Matthis, Guillaume ou Franck vous pouvez et allez réussir, et que votre Saint (Oui oui il y a un Saint Kevin), a œuvré pour de belles choses en Irlande notamment, mais pour le savoir attendez l’arrivée du documentaire très bientôt.

Si vous ne vous appelez PAS Kevin, pensez à aller y jeter un œil à sa sortie, vous pourriez apprendre des choses et au pire, passer un bon moment.